Avril 2024
Eric Campbell

Supporting the Oil & Gas Industry’s Leap to Net Zero

À bien des égards, la production de pétrole et de gaz est le sujet dont on ne veut pas aborder, ou du moins l’élément sur le graphique circulaire qu’on évite, lorsqu’il s’agit des émissions liées aux changements climatiques au Canada. D’une part, l’industrie contribue à 28 % de nos émissions totales, ce qui dépasse de loin celles de tout autre secteur industriel, et c’est l’un des rares secteurs dont les émissions ont augmenté de façon significative depuis 2005, réduisant ainsi les progrès réalisés dans presque tous les autres secteurs de l’économie canadienne.

Pourtant, on ne parle pas beaucoup de ce secteur, parce que plusieurs facteurs rendent la conversation difficile. 

D’une part, l’industrie pétrolière et gazière au Canada continue de fournir des avantages économiques considérables. En 2022, elle a versé plus de 30 milliards de dollars en redevances aux gouvernements canadiens (selon l’ ACPP) et a créé plus de 150,000 emplois. Par conséquent, le bouleversement de cette industrie signifie inévitablement un bouleversement de la subsistance de nombreux Canadiens.

Deuxièmement, l’industrie est concentrée majoritairement dans une province, ce qui fait que toute tentative de la dompter semble discriminatoire à l’égard d’une région particulière et déclenche naturellement une attitude défensive chez les gens qui y vivent et y travaillent.

Le résultat est que les Canadiens ont tendance à éviter le sujet.

Le même instinct s’applique à de nombreux membres de la communauté philanthropique du Canada. Nous reconnaissons qu’il est impératif de s’attaquer aux émissions de l’industrie pétrolière et gazière, mais partout où nous regardons, nous sentons une polarisation et nous percevons des risques. 

Comment procéder?

Au cours des derniers mois, le Fonds pour l’économie propre a pris les premières pas, avec ses collaborateurs, afin de trouver des projets à impact élevé qui appuient une transition vers un net zéro responsable de la production de pétrole et de gaz au Canada. Bien que limitée, cette expérience nous a appris, à tout le moins, qu’il existe de tels projets. En fait, il y en a beaucoup. Mais comment pouvons-nous faciliter la tâche des bailleurs de fonds pour les trouver et les soutenir?

Après avoir consulté des experts sectoriels, interviewé des bailleurs de fonds avec de l’expérience de faire des subventions dans ce secteur, avoir organisé des discussions et commissioné une analyse du secteur actuel, le Fonds pour l’économie propre a identifié 7 points d’entrée potentiels pour accélérer la transition de l’industrie pétrolière et gazière vers la carboneutralité.  

À partir de la technologie propre, jusqu’à la formation de travailleurs, en passant par le financement durable et l’engagement des jeunes, ces sept points d’entrée sont là pour aider les bailleurs de fonds à commencer le processus d’identification des projets à fort impact qui se trouvent dans leur zone de confort. Une fois qu’un bailleur de fonds a choisi son ou ses points d’entrée, il y a bien sûr une série de prochaines étapes nécessaires pour identifier les projets et partenaires spécifiques, mais cette liste peut au moins vous orienter dans la bonne direction. Le Fonds pour l’économie propre est prêt à aider.

Le point d’entrée numéro 1 est la politique fédérale et provinciale. Les politiques gouvernementales, les règlements et les investissements du gouvernement ont la capacité d’inciter à la réduction des émissions dans le secteur pétrolier et gazier et de forcer la conformité. Les experts font remarquer que la réglementation fédérale et provinciale, tels la tarification du carbone pour l’industrie, le plafonnement des émissions du secteur du pétrole et du gaz, les reglementations sur les combustibles propres et sur le méthane sont particulièrement puissants et nécessaires à ce moment-ci. De nombreuses organisations à but non lucratif font un travail passionné pour défendre et promouvoir ces politiques.

Le point d’entrée numéro 2 est la technologie propre. La modélisation démontre clairement que les technologies pourraient faire le gros du travail pour réduire les émissions de gaz et de pétrole. Mais ces technologies sont soit insuffisamment testées, soit coûteuses (ou les deux), et le secteur du pétrole et du gaz traîne généralement ses pieds pour les mettre en œuvre à la vitesse nécessaire. La recherche indique qu’il existe des opportunités à grand impact dans l’adoption de technologies de réduction du méthane, de l’utilisation et du stockage du carbone, de l’hydrogène et de l’élimination du carbone. On peut faire avancer leur progrès en appuyant les initiatives menées par des organismes sans but lucratif qui y font de la recherche et qui défendent ces technologies.

Le point d’entrée numéro 3 est la finance. L’industrie pétrolière et gazière a toujours bénéficié de financements à bon marché de la part des banques, des investisseurs et des gouvernements. Ce financement devient de plus en plus risqué à mesure que le monde passe à une économie à faible émission de carbone. Pourtant, le Canada n’a pas encore les mécanismes en place pour aligner le secteur financier vers l’avenir net zéro. Il faut faire beaucoup de travail dans le secteur sans but lucratif pour analyser et promouvoir la divulgation obligatoire des données sur le climat, la taxonomie verte, l’élimination des subventions gouvernementales et d’autres politiques appuyées par des dirigeants financiers avant-gardistes (voir : Groupe d’experts sur la finance durable et le Conseil d'action en matière de finance durable).

Le point d’entrée numéro 4 est l’engagement du public. L’industrie pétrolière et gazière a été très efficace dans la commercialisation de ses produits. Cela a entraîné une augmentation spectaculaire du nombre de Canadiens qui appuient la production de pétrole et de gaz. Il est essentiel que les Canadiens entendent l’autre côté de la chose. Pourtant, les communications, l’éducation et les campagnes de marketing sur le climat et l’énergie propre sont manifestement sous-financées au Canada. Les bailleurs de fonds philanthropiques ont le pouvoir de changer ça.

Le point d’entrée numéro 5 est la main d’œuvre et les emplois. Bien que l’industrie pétrolière et gazière emploie de nombreux Canadiens, ces travailleurs se soucient naturellement de l’avenir de leur travail et de l’avenir de leur planète. Un rapport récent de l’Alberta Federation of Labour, qui représente 170 000 travailleurs syndiqués, souligne l’engagement de ses membres envers cet avenir. De nombreuses organisations travailllent sur la définition des scénarios potentiels de la main d’oeuvre requise pour une transition nette zéro et le soutien à la reconversion des travailleurs du secteur pétrolier et gazier.

Le point d’entrée no 6 est l’engagement de l’industrie. Certaines organisations environnementales se morfondront à l’idée de travailler en collaboration avec une industrie qui a toujours été résistante face aux changements climatiques. Mais l’analyse démontre qu’il est toujours important d’éduquer et d’influencer les décideurs de l’industrie, de cultiver le leadership, de créer un terrain propice pour la réglementation gouvernementale et de s’assurer que les engagements existants de l’industrie, bien qu’insuffisants, sont effectivement mis en œuvre.

Le point d'entrée numéro 7 est le leadership autochtone. Les communautés autochtones ont été affectées de façon disproportionnée par l’industrie pétrolière et gazière. Entre-temps, de puissantes initiatives dirigées par les Autochtones visent la réconciliation économique, la protection des territoires et l’obtention de réparations.

Ces points d’entrée stratégiques offrent aux bailleurs de fonds et à la communauté philanthropique un éventail de possibilités pour s’engager de façon constructive et fructueuse dans la transition nette zéro de l’industrie pétrolière et gazière au Canada. La liste est-elle exhaustive? Non. Mais ce sont les domaines dans lesquels le Fonds pour l’économie propre est convaincu que la philanthropie peut avoir un impact majeur et positif en ce moment, et les domaines dans lesquels nous avons l’intention d’appuyer nos collaborateurs au cours des prochains mois.  

fr_CAFrench